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Tennis Blog

Une autre vision du tennis

Schiavone - Kuznetsova, hommage aux "Marathon Women"

Publié le 28 Mai 2015 par PREVOST Maxime in Grands Chelems

Francesca Schiavone (à g.) et Svetlana Kuznetsova (à d.) dans les bras l'une de l'autre au terme de leur nouveau duel de près de 4h ce jeudi à Roland-Garros. © Stuff.com

Francesca Schiavone (à g.) et Svetlana Kuznetsova (à d.) dans les bras l'une de l'autre au terme de leur nouveau duel de près de 4h ce jeudi à Roland-Garros. © Stuff.com

Francesca Schiavone a battu la Russe Svetlana Kuznetsova en trois sets (6/7(11) 7/5 10/8) et 3h50 de jeu ce jeudi au 3ème tour de Roland-Garros. Une performance hors du commun de la part des deux joueuses qui restera certainement comme le plus beau combat de cette première semaine. D'autant que le duo de vétéranes (34 ans et 29 ans) s'était déjà fait remarqué à Melbourne il y a quatre ans.

L'AFFICHE ETAIT PROMETTEUSE, sans être particulièrement « sexy ». Il n'y avait en effet ni Nadal, ni Federer, ni joueur locaux tels que Monfils ou Tsonga aux prises dans l'arène. Nous n'étions pas davantage rassemblés autour du plus grand court du tournoi, mais sur le N°1 et ses quelques 3800 places. Ça ne s'est pas passé, non plus, à une heure de grande écoute, sur toutes les télévisions du pays, à quelques instants du crépuscule comme le désormais classique Federer-Djokovic cru 2011, histoire de donner une dramaturgie et des allures de blockbuster au spectacle. Non, même pas. Mais c'était un grand match. Et même le plus beau qu'il ait été donné de voir depuis dimanche dernier et le début des hostilités à la Porte d'Auteuil.

Le petit jeu contre les grosses frappes

Pourtant, ce n'était, en apparence, « qu'un » 2ème tour entre deux têtes certes bien connues des amateurs éclairés, mais moins du côté du grand public, malgré un titre chacune ici-même à Roland. D'une part, Francesca Schiavone, pure terrienne de 34 ans, vainqueur il y a cinq ans de son premier (et unique à ce jour) Grand Chelem à Paris, retombée depuis à la 92ème place mondiale. Et de l'autre, Svetlana Kuznetsova, 18ème joueuse mondiale, deux fois titrée en Majeur (US Open 2004 et donc Roland-Garros 2009), qui n'a toutefois plus dépassé les quarts dans ce type de tournoi depuis son sacre en France. En terme de style, Schiavone contre Kuznetsova, c'est un peu la cuisine à l'italienne (variation permanente d'arrondis, de coupés et de montées au filet) contre la rudesse soviétique. La créativité contre la force - avec la rage de vaincre en qualité commune. Bref, juste de quoi donner au sport l' ingrédient du grand moment : une opposition. Tout ce qui, jusque là, avait plutôt manqué dans ce Roland-Garros, loin d'être avare en émotions en tous genres, mais assez pingre en terme de densité malgré une poignée d'affiches alléchantes. Pour peine de s'y « connaître » un peu, celle entre ces deux battantes l'était, alléchante. En réalité, on n'attendait ni plus ni moins qu'un marathon. Puisque l'exploit, elles l'avaient déjà fait.

10h33 en seulement trois matchs

C'était il y a quatre ans, en huitièmes de finale de l'Open d'Australie, déjà pour une victoire en trois manches de l'Italienne (6/4, 1/6, 16/14 en 4h44 !), décidément la plus forte quand la partie dure au-delà du raisonnable, pour des raisons plus mentales que physiques. Ce jeudi, la Russe a en effet mené un set, un break, puis a gâché la bagatelle de quatre jeux de service à la suite pour le gain de la rencontre (manquant même une balle de victoire à 6/5). Cette fébrilité au moment de conclure lui coûte très cher : En 2011, Kuznetsova avait poussé le vice jusqu'à laisser passer … Six balles de match. Rageant ! Malgré une issue indécise jusqu'au dernier point (un seul jeu de service remporté par les deux femmes sur les huit derniers de la partie, par Schiavone, à 8/8), le deuxième opus de « Marathon Women » s'achève, en fin de comptes, comme le premier. Pas de quoi enlever une once de saveur à la saga complète toutefois, qui dure désormais depuis 10h33, soit la durée cumulée de leurs trois derniers matchs (les deux protagonistes se sont affrontées à Dubaï en 2011 entre leurs deux marathons, pour une autre bataille en trois sets). A titre de comparaison, c'est plus que les cinq derniers Nadal-Djokovic mis bout à bout … Comble du scénario ; l'aventure n'est peut-être pas finie pour Schiavone, qui rencontrera la Roumaine Andreea Mitu (23ème, 100ème mondiale) au 3ème tour. Une adversaire à sa portée, à condition qu'elle parvienne à se remettre de ses (quasi) quatre heures de lutte. Tout comme nous, du reste. Mais pour nous, je me fais moins de souci.

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